vendredi 1 février 2013

Interview : Les médias ont-ils joué un rôle dans la dégradation des rapports entre les jeunes et la police ?

Fabien Jobard est chargé de recherche au CNRS, et directeur du Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions PénalesIl est intervenu aujourd’hui  sur le thème « Jeunes et Police, après l’affrontement ? ». 


Fabien Jobard
(Crédit photo: Agathe Muller)
Pensez-vous que les médias aient joué un rôle dans la dégradation des relations entre les jeunes et la police ?

Les médias ont effet une part de responsabilité. Je pense qu’il y a eu une évolution brutale de leur rôle sur ce sujet à partir d’avril 2002. En regardant les études Médiamétrie de cette période, on se rend compte de thèmes récurrents traités dans les médias, et surtout à la télévision, autour de l’immigration, des banlieues, de la délinquance… Il y a un réel emballement médiatique autour de ces sujets, mais ce qui est intéressant, c’est que les journalistes s’en sont rendus compte. A partir de la crise des banlieues de 2005 et des mouvements anti CPE de 2006, il y a eu plus de retenue de leur part par rapport aux images.

Pourtant, le traitement médiatique des émeutes de 2005 continue d’être critiqué aujourd’hui, et l’on se souvient des images de voitures brûlées et des forces de l’ordre armées.

Durant les émeutes, les facteurs sociaux, la crise, le chômage, ont été mis en avant. En Angleterre par exemple, les émeutes de Londres de 2011 n’ont pas été traitées de cette façon, les médias ont montré les casseurs, les affrontements, ce qui a cristallisé la colère des jeunes contre les forces de l’ordre. Par ailleurs, en France en 2005, il y a eu une véritable volonté de distribuer équitablement la parole. On a entendu dans les médias des jeunes, des sociologues… Même le Parisien qui est un journal populaire avait fait une Une sur « ces quartiers qui réussissent », et des systèmes de parrainage ont été mis en place.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire