Fabien Jobard est chargé de recherche au CNRS, et directeur du Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales. Il est intervenu aujourd’hui sur le thème « Jeunes et Police, après l’affrontement ? ».
Fabien Jobard (Crédit photo: Agathe Muller) |
Les médias ont effet une part de responsabilité. Je pense qu’il y a eu une évolution brutale de leur rôle sur
ce sujet à partir d’avril 2002. En regardant les études Médiamétrie de cette
période, on se rend compte de thèmes récurrents traités dans les médias, et
surtout à la télévision, autour de l’immigration, des banlieues, de la délinquance…
Il y a un réel emballement médiatique
autour de ces sujets, mais ce qui est intéressant, c’est que les journalistes s’en
sont rendus compte. A partir de la crise des banlieues de 2005 et des mouvements
anti CPE de 2006, il y a eu plus de retenue de leur part par rapport aux images.
Pourtant, le traitement médiatique des émeutes de 2005
continue d’être critiqué aujourd’hui, et l’on se souvient des images de
voitures brûlées et des forces de l’ordre armées.
Durant les émeutes, les facteurs sociaux, la crise, le
chômage, ont été mis en avant. En Angleterre par exemple, les
émeutes de Londres de 2011 n’ont pas été traitées de cette façon, les médias
ont montré les casseurs, les affrontements, ce qui a cristallisé la colère des
jeunes contre les forces de l’ordre. Par ailleurs, en France en 2005, il y a eu une véritable
volonté de distribuer équitablement la parole. On a entendu dans les médias des
jeunes, des sociologues… Même le Parisien qui est un journal populaire avait
fait une Une sur « ces quartiers qui réussissent », et des systèmes de
parrainage ont été mis en place.
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