samedi 2 février 2013

François Dubet : "Nous sommes paralysés par la grandeur de notre histoire"

François Dubet, sociologue spécialiste de l'école et de l'éducation, est intervenu lors de la conférence  "Quelle école idéale pour l'Europe ?". Entretien avec le sociologue et deux jeunes présents à la tribune.



François Dubet a notamment débattu avec Bruno Julliard et Philippe Sultan (crédit photo : Antoine Beneytou)


Ce qu’il apparaît de cette conférence, c’est que l’école française a du mal à se réformer non ?

Je crois que l’école française s’adapte aux changements sociaux parce qu’elle n’a pas le choix. Cependant ces adaptations ne sont pas pensées comme une transformation du système et donc on a un sentiment de blocage.

Comment expliquez-vous ce blocage ?
La structure même du système est très lourde, ce que Claude Allègre a appelé "le mammouth". Et puis ceux qui tirent les meilleurs résultats du système scolaire ne tiennent pas tant que ça à ce qu’il change.  Donc il faut beaucoup de volonté politique pour arriver à transformer l’école.

Vous indiquiez également que l’école accentue les inégalités sociales?
Oui. Si on compare l’amplitude des inégalités sociales avec l’amplitude des inégalités scolaires, en France, cette dernière est supérieure à l’amplitude des inégalités sociales, alors que dans d’autres pays c’est l’inverse. Donc notre école qui est très soucieuse d’égalité, en réalité, elle n’est pas très bonne dans ce registre. 

Vous parliez d’une sacralisation de l’école. Qu'entendez-vous par là ?
C’est un raisonnement historique qui consiste à dire que la France doit former des citoyens républicains. Cette France là elle a été faite par l’école. Et donc il y a une nostalgie d’un certain modèle scolaire, qui fait que chaque fois que l’école se transforme, on a l’impression qu’on va perdre notre âme et notre identité. Cela nous paralyse car il y a toujours la crainte que notre niveau intellectuel s’effondre et que les traditions nationales disparaissent. Je dirais qu’on est paralysé par la grandeur de notre histoire.






Paroles de jeunes


Au cours de ce débat il a beaucoup été question de l'état des lieux de l'école française et finalement peu de l'Europe. A la tribune Benoît et Leïla, tout deux 17 ans et en 1ère ES à la Cité Scolaire Internationale ont donné leur avis sur la situation du système scolaire français. Riches d'expériences à l'étranger, ils ont notamment indiqué que les élèves français avaient une image très négative de leur école. Nous les avons retrouvé à la fin de la conférence et ils nous ont livré leurs témoignages.

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