samedi 2 février 2013

Déchets : beaucoup de crasse et de réponses


Des décharges gigantesques où s’entassent par camions-bennes quotidiens biens de consommation et produits toxiques. La conférence sur la « dette écolo » a été l’occasion de débattre de l’après-vie de nos produits.

De gauche à droite : Martin Esposito, Philippe Douroux, Michèle Rivasi et Eric Allodi.
(Crédit photo : Félix Mathieu)

La merde ça pue. C’est une évidence, et c’est la faiblesse du documentaire en immersion de Martin Esposito, Super trash. Deux ans à vivre dans une cabane à proximité d’une monstrueuse décharge. Les gros plans se répètent : des bennes qui déchargent inlassablement des tonnes d’immondices. Des bennes dégueulant des litres de matière fécale sur des nounours, des produits alimentaires, des meubles abandonnés. Une fois, deux fois, trois fois. On a compris, et l'heure se fait longue. "Ça pue", s’exclame le réalisateur au bord des larmes devant tant de crasse, caméra au poing dans des nuages de poussière récurrents. Martin Esposito filme sans relâche au cul des camions en train de se décharger, se baigne dans une eau saumâtre, goute aux aliments jetés avant de les recracher avec dégout. Une fois, deux fois, plusieurs fois. C’est vraiment long, une heure. 

Noyés dans cette surenchère de trash, le film offre pourtant des éléments factuels effarants. Arsenic, hydrocarbures et autre produits hautement toxiques déposés sur place en toute illégalité, pollution des eaux. Elles sont noires de jus de déchet. Tout cela forme une montagne sur laquelle meurent les oiseaux.

Des solutions
Un modèle qui pose question. Eurodéputée EELV, Michèle Rivasi a quelques pistes pour y répondre. Rompre avec le dogme de la croissance, "la consommation pour la consommation. Il faut lutter contre l’obsolescence programmée de nos appareils".  Avec un chiffre fort, "quatre planètes Terre". C’est ce qu’il faudrait explique t- elle, pour que le monde entier consomme comme les pays occidentaux. "Mettre en place des circuits fermés : tout produit manufacturé devrait être recyclable à 100%". Concrètement, il faudrait créer des usines de démontage et donc des emplois. "Les décharges devraient se cantonner aux déchets ultimes, dont on ne peut rien faire. Or c’est très loin d’être le cas". Et alors que les décharges sont payées au poids, Michèle Rivasi questionne la loi du marché. "Si ce n’est pas rentable de  recycler le carton, un industriel va arrêter de le faire. Et c’est là que l’État doit jouer!". Résolu par son expérience cinématographique de longue haleine, Martin Esposito appelle de ses vœux une véritable "police de l’environnement".

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