vendredi 1 février 2013

(Re)dorer le blason de la culture numérique

« Culture numérique et jeunesse inculte ? », le titre n'est pas forcément flatteur pour notre jeunesse. Mais elle est bien plus le fruit d'une inquiétude et d'une méconnaissance du sujet qu'une réalité. C'est en tout cas ce que se sont attelés à démontrer Olivier Tesquet, journaliste Télérama, Marc Le Glatin, directeur du théâtre de Chelles, et Hortense Vinet, photographe et membre du collectif de plasticiens Faux-Amis. Retour en trois points.



De gauche à droite: Hortense Vinet, Marc Le Glatin, Olivier Tesquet et Xavier de la Porte, animateur du débat.
(Crédit photo: Benjamin Rieth)



Le web est un prolongement de la télévision, prônant le zapping et la culture de masse
Un constat peu flatteur pour Internet si l'on s'en tient à ces critiques. Mais c'est faire un mauvais procès qui ne prend pas compte des spécificités d'Internet. Pour Olivier Tesquet, à la différence de la télévision qui s'impose aux téléspectateurs, le web propose une interaction et amène l'utilisateur à se l'approprier. L'internaute est alors libre de flâner, de faire des choix. Deux éléments permettent d'expliquer ces critiques : on manque encore de recul sur ce qui se passe dans l'évolution de la culture face à Internet, et nombreux sont ceux qui méconnaissent le média.

Internet est une culture des cultures
C'était le point central de la conférence : qu'est-ce que la culture numérique ? D'une même voix, en unisson pendant toute la rencontre, les intervenants ont décrit la culture numérique de la façon suivante : "une culture des cultures", elle met en lien de multiples supports culturels. Les exemples ne manquent pas pour l'illustrer : le mash-up, un mix entre différentes images ou sons afin de créer une œuvre nouvelle, objets multimédias ou encore œuvres collaboratives à travers le monde. Pour Hortense Vinet, "il n'y a pas de changement de culture, mais un changement de rapport à la culture". Et de citer l'exemple des jeunes et leur rapport à la photographie. Aujourd'hui, pour certains d'entre eux, la photographie est plus intéressant dans le geste que dans le contenu, c'est-à-dire que le résultat importe peu tant qu'il est partagé sur Facebook.

La culture numérique s'apprend et se prépare
A n'en pas douter le point le plus politique de la culture numérique, notamment pour Marc Le Glatin. Selon lui, il appartient aux pouvoirs publics de mettre en place les politiques nécessaires à l'apprentissage de la culture numérique, et en priorité dans les écoles. Rejoint par Olivier Tesquet, les deux se sont accordés sur l'importance d'un retour de la verticalité à l'école pour se repérer dans l'histoire des arts, de la science, des idées.
Apprendre la culture numérique, c'est aussi s'engager dans sa défense. Nombreux sont ceux qui déplorent aujourd'hui une « haussmanisation » d'Internet, c'est-à-dire la mise en place d'avenues du web dont il est impossible de sortir. C'est le cas des applications et des systèmes implicatifs comme Facebook, qui forcent l'utilisateur à rester dans leur cadre.

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