samedi 2 février 2013

Les quotas: une solution pour la diversité et la parité?

Le débat sur la diversité et la parité, organisé par le think tank les Gracques, a réuni Lilian Thuram, Pascal Blanchart, historien spécialiste du fait colonial et de l’immigration, et Marie-Laure Sauty de Chalon, à la tête d'Aufeminin.com. Parmi les questions essentielles abordées au cours du débat: les quotas. Faut-il, oui ou non, imposer des quotas pour sortir du carcan inégalitaire qui s’empare de la société française? 

Moment de complicité entre Lilian Thuram et un petit garcon suite au débat
     (crédit photo : Dounia Hadni)

L’archétype du sportif intellectuel, Lilian Thuram, donne le ton: "Moi, joueur de foot, je m’interroge quand j’entends qu’il y a 0% d’entraîneurs sportifs de couleur". Il faudrait comptabiliser ce genre de choses auprès des fédérations et élargir ce procédé à d’autres institutions. Marie-Laure Sauty de Chalon enchaîne en fustigeant la moitié des sociétés du CAC40 qui ne compterait "aucun noir, arabe ou asiatique". De la même façon que la loi sanctionne les partis politiques qui ne placent pas assez de femmes aux manettes; elle devrait aussi le faire dès qu’il s’agit des minorités dites visibles, déclare Pascal Blanchart. D'après lui, les pays nordiques adoptent effectivement la logique de la contrainte et "ça fonctionne!". Les trois interlocuteurs s’accordent sur la nécessité de "mettre des quotas en place pour changer les pratiques et les habitudes". Aux Etats-Unis, c’est déjà en cours de réalisation.

L’échange prend une tournure un peu plus grave lorsqu’une jeune femme, Magalie, intervient: "Je fais partie de ces femmes qui combattent la loi sur la parité et qui se battent pour l’égalité des chances au niveau individuel". 
Lilian Thuram réplique, fermement, en disant que "nous vivons dans des sociétés où ces problématiques existent et on ne peut, donc, en aucun cas les nier". De même pour ce ce qui est du sexisme et des avantages accordés ou non aux individus, selon leurs origines. Ainsi, comme la parité, la diversité devrait être construite justement parce qu’elle n’a rien d’inné. 


Le ton monte à la fin du débat entre Pascal Blanchart (à droite) et un jeune, 
à propos de sa légitimité à parler de diversité. 
(Crédit photo: Dounia Hadni)


La représentativité des minorités dans les publicités et les films choque Lilian Thuram. A l’origine de la reproduction perpétuelle de ce genre de stéréotypes: "la peur communautaire" dit-il. En outre, Pascal Blanchard assimile ces fantasmes véhiculés par les images des banlieues dans de nombreux reportages au mythe de "l’invasion noire", répandu en 1905. Ceci amène le footballeur à évoquer la polémique récente des quotas concernant le statut des joueurs de foot franco-africains (binationaux), qui ont mis en cause Laurent Blanc et François Blaquart, directeur technique national de la FFF . Il dénonce ce type de discours "en surface" contre lequel il faudrait lutter. De fait, aucune proposition concrète n'en a découlé. François Blaquart "(est) toujours directeur national technique de la fédération, un poste clé, sans que les journalistes crient au scandale ou que la fédération prenne acte de la gravité de son implication dans cette problématique; raciste qui plus est". 

Dounia Hadni

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