Dans une France où le
lien entre les médias et les jeunes est compliqué, mais pas rompu, Emmanuelle
Vulin, Sylvain Bourmeau et Eric Valmir prônent une société dans laquelle les jeunes
seraient mieux mêlés au reste de la société. Dans les médias comme ailleurs.
De gauche à droite: Emmanuelle Vulin, Sylvain Bourmeau, Edouard Daniel (Jets d'encre) et Eric Valmir Crédits photo: Roxanne D'ARCO |
"Comment, comment, comment… et jamais
pourquoi ?" Emmanuelle
Vulin, une petite femme brune à lunettes, est rédactrice en chef du journal de son lycée Rom’ue-Méninges. Elle se demande aussi pourquoi le « comment » prime toujours lorsque l’on parle des jeunes dans les médias, surtout lors de
manifestations – pacifiques ou non. Selon un sondage qu’elle énonce, une
personne sur deux n’aimerait pas les jeunes. L’estimation est assez étonnante,
suffisamment pour que l’on s'interroge aussi sur la représentation de cette jeunesse
française dans nos médias.
Les jeunes, seraient-ils donc victimes d’un lynchage médiatique ? La
jeune rédactrice en chef témoigne de la grande méfiance de ses camarades envers
les grosses entreprises de presse généralistes, notamment la crainte de la "parole détournée". Malgré tout, elle estime que "les jeunes
commencent à prendre leur place dans la société et [elle] pense que c’est en
partie grâce aux médias".
Concernant la fabrication de l’information, Sylvain Bourmeau,
directeur adjoint de la rédaction de Libération,
avoue qu’il y a peu de renouvellement des effectifs dans les rédactions, et
donc peu de jeunes. Une presse doit-elle être jeune pour parler aux jeunes ?
Pas forcément, comme le soulignent le journaliste de Libération et les deux autres intervenants, Emmanuelle Vulin et
Eric Valmir, journalistes à France Inter. Simplifier le discours pour se mettre
à un niveau spécifique dit "plus adapté à la jeunesse" ne ferait
que rabaisser leur potentiel, sans compter l’estime qu’on leur porte.
"Labéliser les
jeunes serait contre-productif"
Les intervenants se positionnent contre une "ghettoïsation".
En effet, "labéliser les jeunes serait contre-productif",
selon Sylvain Bourmeau, qui ajoute qu'"une société qui n’écoute pas les
jeunes est une société qui ne bouge pas". Pourtant, les autres corps de
cette société que forment les téléspectateurs, auditeurs ou autres sont aussi à
dénoncer, d’après Eric Valmir : "il y a l’idée d’enfermer les jeunes
dans les caricatures car ça plait aux gens". Le
journaliste est connu pour avoir eu une émission sur France Inter "les jeunes dans la présidentielle" qui portait sur la
politique et la jeunesse. Il s’occupait alors d’une équipe de trente personnes âgées d'une vingtaine d'années,
divisée en trois groupes. Leur mission ? Interroger les candidats à
l’élection présidentielle, dans leur environnement et sans préparer les
questions avec ces derniers. Une expérience loin d’être facile, mais qui a
permis à France Inter de réaliser leur meilleure audience du samedi matin. La
preuve qu’une station écoutée en priorité par les 35-60 ans peut diffuser un
contenu accessible à tous, et ce, tout en étant réalisé par des jeunes.
Belle caution du savoir-vivre ensemble et du mélange entre
générations. Dans ce sens, Sylvain Bourmeau ajoute : "un média est
une structure où les gens doivent se rencontrer et vivre ensemble". Tout
comme dans la société.
De haut en bas et de gauche à droite: Emmanuelle Vulin; Sylvain Bourmeau, Edouard Daniel et Eric Valmir; Sylvain Bourmeau. (Crédits photo: Roxanne D'Arco) |
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